La guerre, la guerre, la guerre

Publié le par C

La guerre, la guerre, la guerre

"Monsieur,

Je viens de prendre connaissance de votre adresse que maintenant c'est pourquoi je vous réponds immédiatement, car l'agence immobilière ne m'a jamais indiqué celle-ci au préalable. je vous réponds tout d'abord concernant le dépôt de garantie : il ne vous sera pas restitué car des dégradations occasionnées de votre fait doivent être réparées. J'ai commencé à transmettre toutes les informations nécessaires et dans les temps impartis à l'agence immobilière, je vous invite à vous rapprocher d'eux sur ce premier point l'agence immobilière est gestionnaire de cette location. Concernant votre souhait que je vous indique un arrêté des comptes, il n'est pas de mon ressort de le rédactionner c'est le gestionnaire l'agence immobilière qui est seul habilité à se faire. J'ai communiqué à chaque exercice 2012, 2013, 2014 toutes les informations nécessaires à l'agence immobilière pour le calcul des charges. Avez-vous de votre côté communiqué tous les contrats d'entretien de la climatisation réversible, du ballon d'eau chaude et de la VMC + hôte aspirante ? avec facture à l'appuie sur la période de 2 ans et demi selon l'article 2-3-2 du bail d'habitation obligations des parties.

Avez-vous auprès de l'agence immobilière justifié de toutes vos contributions personnelles : taxe d'habitation (2014) et dernières factures d'eau et d'électricité acquittées pour le logement habité ?

Vous devez répondre en votre qualité de locataire article 2-3-7 du bail d'habitation obligation des parties de votre maintien d'assurance jusqu'au 5 septembre 2014 jour anniversaire de votre état des lieux de sortie. Pourriez-vous dès à présent m'en apporter la preuve en me communiquant l'attestation d'assurance mise à jour jusqu'au 5 septembre 2014 pour le logement que je vous ai loué ?

Merci par avance, veuillez agréer l'expression de mes sentiments dévoués.

Bien Cordialement."

Voilà, syntaxe respectée, la lettre recommandée qui m'a été adressée par mon ancien propriétaire, suite à ma demande de restitution de mon dépôt de garantie. De 830 (huit cent trente) euros. Quand même.

J'avais déjà, dans ce blog, parlé de mon ancien propriétaire. Je n'avais pas relaté, en revanche, la façon dont s'était déroulé l'état des lieux de sortie. Sans doute parce que le moment avait été trop traumatisant (il m'a empêché de dormir plusieurs semaines après), les sentiments trop contradictoires (ne plus jamais repasser devant cette baraque / lui péter les genoux dans la cour de l'école de nos fils respectifs) et l'accusation soutenant la démarche (nous étions une famille de gorilles qui passions notre temps à nous suspendre aux fenêtre et à chier derrière les plinthes) ont été trop difficile à digérer.

Surtout, pas préparés à l'attaque sournoise (huissier, démontage de toute la maison à la recherche de la moindre crotte de mouche), nous en étions sortis non seulement démoralisés, mais surtout battus.

Parce que, étrangement, alors que cela devrait se faire en toute logique, avec bon sens - ils ont une maison - on a l'argent pour la louer - point, toute cette histoire n'aurai été que lutte, que combat. Lutte pour justifier que nous étions les bonnes personnes pour louer la maison, lutte pour les rassurer régulièrement que non, nous n'étions pas en train de tout détruire, combat pour les dissuader de tout vérifier en permanence et combat pour se sortir de tout ça sans y laisser 830 (huit cent trente) euros. Quand même.

La journée du 5 septembre sonnait comme une sentence : la suite allait être tout aussi compliquée. Mais pour être honnête je n'ai pas toujours été certain d'être assez déterminé pour me lancer dans un combat supplémentaire. J'avais surtout envie de passer à autre chose, j'avais envie de ne plus y penser.

Sauf que c'est impossible. C'est impossible car tous les jours, la maman du minus (essentiellement) et moi croisons nos anciens propriétaires à l'école, où nos enfants sont donc camarades de classe. Ne rien faire, laisser tomber aurait été alors comme accepter ce goût de pisse qui nous envahi la bouche à chaque fois. J'ai donc décidé de ne pas avaler leur pisse.

Et étrangement, après avoir reçu la lettre ci-dessus, je n'avais plus peur. J'étais presque apaisé. Après tout, les tribunaux sont fait pour ça, non, pour nous éviter de nous énucléer devant nos enfants pour une histoire d'euros, n'est-ce pas ? Des milliers de gens s'y pressent tous les jours, c'est que ça doit être surmontable, hein, dîtes-moi ?

Et puis surtout, la fameuse lettre confirme ce que nous devinions de notre ancien propriétaire : il n'est pas con, il est juste malade. Il est le chapitre 3 du manuel de psychologie des personnages, il est paranoïaque.

Dans son système, l'autre est suspect, l'autre est l'ennemi, l'autre lui veut du mal. Nous nous sommes installés chez lui pour détruire sa maison. Je suis un casseur, je suis un tricheur, je suis un voleur. Je n'ai jamais assuré sa maison, je n'ai jamais payé mes factures d'eau et d’électricité, ma taxe d'habitation et probablement mes impôts tout-court. Il veut la preuve que mes amendes pour mauvais stationnement ont été réglées, que mon bilan sanguin ne révèle pas un taux de cholestérol anormal et que mon chat est bien vacciné. Il voudrait que le monde entier passe au détecteur de mensonge parce que, quand même, il y a quelque chose de louche.

Sa folie, pour laquelle je n'ai maintenant plus aucune compassion, sera ma ligne de défense. Je n'ai pas peur, je sais que je peux gagner. J'ai hâte de me retrouver devant le juge de proximité, surtout qu'il a la bonne idée de se trouver à 200 mètres de chez moi. Je suis grave motivé. La voix de Claire Guibert va devenir ma nouvelle sonnerie de portable.

La guerre, la guerre, la guerre...

Oui, on y va, à la guerre.

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