WaspLand

Publié le par C

WaspLand

Il n'y a qu'à regarder mes statuts et autres photos Facebook datant de févier 2012 pour voir qu'à mon arrivée dans le beau village d'Argilliers (un peu plus de 400 âmes, momies comprises), j'étais plutôt euphorique. Idéalement placée entre garrigue et vignes, entre Uzès (haut lieu bobo du coin) et l'autoroute A9 (pour aller voir la mer et les amis), ça ressemblait à un petit coin de paradis. Et ce, malgré un débit internet famélique.

2 ans et demi après, le débit ADSL fait toujours pitié, et ce village me sort par les trous de nez.

Parce que, en vrai, petit village, qui plus est en province, qui plus est dans le sud, qui plus est dans une communauté de communes sur-cotée, c'est tout comme dans les films ou les mauvaises séries de France 3, c'est un empilement de clichés qui sentent plus le Brut de Fabergé que les champs de lavande.

Ici, comme il ne se passe rien (la dégradation récente de la vitrine de la bibliothèque étant le fait de vandalisme le plus important depuis 10 ans), tout le monde parle.

A peine étions nous installés qu'on s'invitait chez nous pour nous parler de l'ex militaire du village (sous entendu "le mec un peu coincé du slip"), le couple échangiste du village (sous entendu "eux n'ont pas de problème de slip") et le mauvais maire du village (sous entendu "il va dégager aux prochaines élections"). Alors que, bien entendu, nous n'avions rien demandé.

Dans ce beau village, les mamans d'élèves roulent en 4X4 pour faire les 200 mètres qui les séparent de l'écoles, elles font les courses ensemble avant d'aller plonger dans les piscines de leurs villas, et ne dorment plus de la nuit quand une histoire de slip à l'envers (à Argilliers il est souvent question de slip, je viens de m'en rendre compte) se transforme en scandale sexuel façon DSK à la maternelle.

Et puis, surtout, tout le monde est blanc. Alors, pas blanc comme un bidet, hein, on est dans le sud, faut pas déconner, mais blanc de souche, genre ici c'est la France, et si les blacks et le beurs peuvent rester à Avignon ou Nîmes, ben ça nous arrange. Et si le mec du camion pizza n'est pas rasé de près, c'est couvre-feu pour tout le monde.

C'est lors du spectacle de fin d'année de l'école du minus que cela m'a sauté à la gueule, devant ce parterre de gosses reprenant en coeur les tubes des chanteurs de droite : tout est propre, tout est uniforme et, à part peut être pour 2 ou 3 qui abusent peut être un peu de la gardiane, tout est beau. C'est WaspLand au Pont-Du-Gard. 42.86% de votes FN aux élections européennes, comme quoi on peut avoir peur des autres même quand tout le monde vit derrière un mur-de-trois-mètres-de-haut-avec-alarme.

Quand j'ai annoncé à mon voisin propriétaire que nous partions et que la maman du minus et moi nous nous séparions, il y a de grande chance pour qu'il eut été déjà au courant. Un vague référence à la situation prononcée à l'école, et c'est mort. Dès lors, nous qui vivons encore pour quelques semaines sous le même toit tout en étant séparés, je ne doute pas que nous soyons passés devant les partouzeurs de service comme curiosités du village. Tant pis, et pour rester dans la thématique : je m'en branle.

Dans 2 mois j'aurai quitté définitivement cette communauté consanguine.

Bye bye Cote Ouest chez les piches, seul le silence des lieux, incroyable, incomparable, magique, me manquera.

Et comme dirait notre premier ministre, portez vous bien les blancs, les white, les blancos...

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